Avec les
Études pour une forme quelconque (d’après Sebastiano Serlio) (2020) et les
Suites serliennes (2022), la marqueterie laisse place au fusain non plus pour célébrer la pensée perspectiviste de l’architecte du Cinquecento Sebastiano Serlio mais bien davantage la simplicité de certaines de ses formes loin de toute complexité mathématique, dans un ensemble de grands dessins abstraits représentant, sur fond ocre
[1], des fragments de diagrammes puisés dans son
Livre de la Géométrie (1545). La perspective est définitivement oubliée et le temps s’est arrêté dans la peinture murale (
La lumière qui s'en va, la lumière qui revient, 2022), réalisée par le duo Hippolyte Hentgen
[2] que Zarka a invité à intervenir dans son exposition. L’œuvre représente les motifs décoratifs du cadran solaire écossais morcelés dans un tracé simplifié sur un fond à l’effet moiré qui joue avec l’aspect velouté du fusain de la
Suite Serlienne.
En sortant de l’exposition, tout imprégné du formalisme référencé
[3] de Zarka, il y a fort à parier que le public ne regardera plus de la même manière le cadran solaire du 79 rue du Temple.
Marjolaine Lévy
[1] Ces fonds sont le résultat du frottement de fragments d’architecture (tuiles) et de céramiques gallo-romaines sur le papier. Cet ensemble d’objets morcelés que Zarka transforme en outils proviennent du site archéologique de Lattara (Lattes, près de Montpellier), collectés dans le cadre d’une résidence en 2018, et qui a donné lieu à l’exposition « Spolium » (cur. Nicolas Bourriaud et Diane Dusseaux).
[2] Nées en 1977 et 1980, Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen vivent et travaillent à Paris. Ce n’est pas la première fois que Zarka invite des artistes à produire une peinture murale dans ses expositions. Depuis 2016, Zarka et le peintre anglais Christian Hidaka imaginent des projets d’exposition communs où les sculptures de l’un dialoguent avec les fresques de l’autre.
[3] À propos de son œuvre, Zarka parle lui-même de « formalisme contrarié et d’une approche historicisée des formes », C. Gallois, « Entretien avec Raphaël Zarka », Paris, B42, 2012, p. 200